LA MALADIE,  LA RECHERCHE

Pourra-t-on un jour guérir la maladie de Parkinson ?

INTERVIEW – Stéphane Hunot, docteur en neurobiologie et chef d’équipe à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, travaille à développer de nouveaux traitements de la maladie de Parkinson.

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C’est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. La maladie de Parkinson touche environ entre 150 000 et 200 000 personnes en France. En cause: la mort de certaines cellules nerveuses, les neurones dopaminergiques, impliqués dans la motricité du corps.

●  Quels sont les principaux symptômes de la maladie de Parkinson?

«La maladie de Parkinson est révélée par trois symptômes principaux, tous essentiels au diagnostic: l’akinésie (lenteur des mouvements), la rigidité musculaire – parfois à l’origine de crampes – et le tremblement des membres au repos. 

Ce dernier symptôme est sûrement le plus connu du grand public. Pourtant, 30% des patients n’en sont pas atteints. À côté de ces symptômes moteurs, il faut ajouter d’autres manifestations moins apparentes: constipation, perte de l’odorat, troubles du sommeil ou encore dépression.»

●  Quels sont les traitements actuels? 

«Aujourd’hui, nous disposons de traitements qui suivent les trois grandes phases de la maladie. Le stade initial survient juste après le diagnostic, au moment où le neurologue prescrit le premier traitement. Ce dernier est alors très efficace, faisant disparaître quasiment tous les symptômes (phase d’équilibre thérapeutique). Avec l’avancée dans la maladie et après quelques années, les médicaments perdent en efficacité (phase de complications motrices). Le neurologue peut alors réorienter le patient vers un autre traitement ou adapter la posologie – ajustement des horaires de prises de doses par exemple. Enfin, lorsque les médicaments classiques sont devenus inefficaces (phase avancée de la maladie), d’autres symptômes apparaissent, par exemple des troubles de la marche. Nous allons pouvoir proposer aux patients «des traitements de seconde ligne», tels que la mise en place de pompes sous-cutanée ou encore la stimulation cérébrale profonde.

Au-delà des médicaments et en complément de ceux-ci, la kinésithérapie permet, tout au long de la thérapie, d’entretenir la fonction musculaire du malade. De même, la rééducation orthophonique est prescrite pour corriger des éventuels défauts de déglutition ou de la parole.»

●  Pourra-t-on un jour guérir de la maladie de Parkinson?

«Mon âme et mon espoir de chercheur vous disent: «oui». Et il y a quelques pistes prometteuses. Certaines sont à l’état expérimental et vont nécessiter davantage d’investigations. D’autres sont déjà testées dans les essais cliniques. Par exemple, nous savons depuis longtemps que, dans la maladie de Parkinson, le fer s’accumule en trop grande quantité dans certaines régions du cerveau. Une étude européenne de phase 3, pilotée par le CHU de Lille développe donc une molécule qui piège le fer pour l’éliminer. 

Une autre piste est à l’étude : une protéine (alpha-synucléine) s’agrège dans les neurones, produisant des petits amas toxiques. Ces amas se propagent de neurones en neurones, entraînant leur destruction. Les scientifiques cherchent à «vacciner» les individus contre cette protéine, afin qu’ils fabriquent des anticorps pour la détruire.»

Article édité sur “sante.figaro.fr”

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