LA MALADIE,  LES NON CLASSES

Le régime cétogène contre la maladie de Parkinson: les premiers résultats !

Qu’est-ce que le régime cétogène ?

Le régime cétogène est une alimentation pauvre en glucides et riche en lipides qui s’écarte donc des habitudes de consommation humaines et des recommandations pour la population générale.

LaNutrition recommande depuis 2006 les pourcentages d’apports caloriques suivants : 40 à 55% pour les glucides, 30 à 40% pour les graisses (lipides), et 15 à 29% pour les protéines.

De leur côté, après avoir longtemps conseillé un régime très riche en glucides (50 à 55%), et pauvre en graisses (30 à 35%) les autorités sanitaires françaises ont fait récemment des préconisations qui se rapprochent de celles de LaNutrition, soit 40 à 55% des apports caloriques sous forme de glucides, 35 à 40 % sous forme de lipides et 10 à 20 % sous forme de protéines.

Or dans l’alimentation cétogène, on parle de 70 à 80% de lipides, 20 à 25% de protéines et 5 à 10% de glucides (20 à 50 grammes de glucides par jour).

Ce mode d’alimentation restreint les glucides pour obliger le corps à utiliser les lipides comme source d’énergie, fabriquer des corps cétoniques (acétoacétate, bêta-hydroxybutyrate) et donc parvenir à la cétose (lorsque le corps utilise principalement des corps cétoniques comme source d’énergie). La cétose a des effets thérapeutiques : outre l’épilepsie, elle pourrait être utile contre le diabète ; elle est aussi expérimentée pour traiter certains cancers et maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer). Les mécanismes d’action ne sont pas encore élucidés.

Déjà utilisé dans l’épilepsie et Alzheimer, le régime cétogène a-t-il sa place dans la maladie de Parkinson ? Les premières études sont publiées.

Le régime cétogène, riche en graisses et pauvre en glucides a déjà fait ses preuves dans le traitement de l’épilepsie, il est utilisé expérimentalement dans Alzheimer et certains cancers ou contre la migraine, mais peut-il améliorer aussi les patients atteints de la maladie de Parkinson ? Les premières études sont parues.

Pourquoi c’est important

La maladie de Parkinson se caractérise par une dégénération des neurones d’une région du cerveau appelée substance noire. Ces neurones fabriquent le neurotransmetteur dopamine, qui aide à contrôler le mouvement. L’une des hypothèses pour expliquer cette maladie, c’est une atteinte toxique des mitochondries, les centrales énergétiques de la cellule, par des substances comme les résidus de pesticides. Le traitement passe notamment par la prescription de L-dopa (ou lévodopa), un médicament précurseur de la dopamine.

Le régime cétogène conduit à la production en quantité de corps cétoniques dont l’hydroxybutyrate, qui protège expérimentalement les mitochondries des cellules nerveuses et donc prévient leur dégénération et leur mort. Mais pour pouvoir affirmer que cette alimentation bénéficie aux malades, des essais cliniques doivent être conduits. 

Dans les études chez l’animal, la diète cétogène a le pouvoir de protéger les neurones dopaminergiques de la dégénérescence, expliquent le Dr Bernard Aranda et Michèle Houde, les auteurs du Régime cétogène pour votre cerveau : « On explique cette action neuroprotectrice par l’amélioration de la production d’énergie par les mitochondries. »

Ce que dit la recherche

Peu d’études ont été conduites sur le régime cétogène dans la maladie de Parkinson. Une étude chez l’homme a étudié les effets d’un régime cétogène strict sur les symptômes d’un petit nombre de malades. Les chercheurs ont montré que 5 des 7 personnes traitées avec l’alimentation cétogène pendant 28 jours ont pu améliorer leurs scores (+ 43 %) à l’échelle UPDRS (Unified Parkinson’s Disease Rating Scale), qui sert de mesure pour quantifier la progression de la maladie de Parkinson et l’efficacité du traitement. (1) « Une amélioration de plus de 30 % de l’UPDRS est considérée comme cliniquement significative. Tous les participants ont rapporté une amélioration modérément bonne à très bonne de leurs symptômes. », analysent le Dr Bernard Aranda et Michèle Houde.

En août 2018 ont été publiés les résultats d’une étude pilote de 8 semaines (2), au cours de laquelle 47 patients ont suivi pendant 8 semaines soit un régime cétogène, soit au contraire un régime pauvre en graisses ou “low-fat”. Les deux régimes ont amélioré les scores des symptômes non moteurs, mais l’amélioration a été plus importante dans le groupe “cétogène” : – 41% contre – 11% pour le groupe “low-fat”. Les auteurs attribuent à cet effet une grande importance, car, soulignent-ils, trouver, les symptômes non moteurs en fin de compte représentent l’aspect le plus handicapant de la maladie de Parkinson, et aussi les moins sensibles au traitement par L-dopa – par exemple, la dépression, les troubles urinaires, la douleur, la fatigue, la somnolence diurne et les troubles cognitifs. 

Il faut noter que, dans cette étude, les patients qui suivaient un régime cétogène ont connu une exacerbation transitoire de la rigidité et des tremblements qui accompagnent la maladie, peut-être parce qu’une consommation soudaine de grandes quantités de graisses, disent les auteurs, a pu augmenter temporairement le stress oxydant ou la déplétion de dopamine dans le système nerveux. Malgré cela, les chercheurs estiment possible que le régime cétogène puisse compléter un traitement à la L-dopa. 

En pratique

Il existe deux grandes versions du régime cétogène : 

  • Le régime cétogène strict

C’est le régime généralement prescrit dans l’épilepsie et le diabète. Avec 4 fois plus de graisses que de glucides, les spécialistes le nomment 4 :1. Il est contraignant et parfois difficile à suivre à long terme.

Exemple de recettes cétogènes strictes : un extrait de Céto cuisine avec 4 recettes 

  • Le régime Atkins modifié

Le régime Atkins est le régime « low-carb » (pauvre en glucides) de référence. Dans la version « Atkins modifiée », le rapport entre graisses et glucides est celui de la première phase du régime : 2 g de graisses pour 1 g de glucides, ou 1 g de graisses pour 1 g de glucides. Il s’agit donc, quand on suit un Atkins modifié, de rester dans cette première phase. Il est plus facile à suivre que le régime cétogène strict.
 
Ces deux régimes peuvent être « enrichis » de corps gras spéciaux appelés triglycérides à chaîne moyenne (TCM), qui potentialisent les effets du régime lui-même. On peut aussi utiliser l’huile de coco (moins efficace). De nombreuses personnes atteintes de Parkinson ont fait état d’une amélioration de leur état avec un régime cétogène strict ou Atkins modifié, souvent agrémenté de TCM et d’huile de coco. “Le régime cétogène pourrait constituer une option thérapeutique majeure pour les patients”, estime dans un article récent le Dr Thomas Walczyk (Hôpital Johns Hopkins, Baltimore). Cependant, les études manquent pour pouvoir affirmer que ce régime, certes prometteur, est efficace.

Si vous envisagez un régime de ce type, informez-en votre médecin, n’interrompez pas vos traitements (les patients qui suivent le régime rapportent que l’association traitements-régime est bénéfique), et sachez qu’il y a des précautions à prendre pour éviter les inconvénients d’une diète cétogène stricte.

Voir l’article sur les lipides et comment consommer les bons lipides !

Article publié sur : www.lanutrition.fr

Un commentaire

  • Sabine

    Pour ma part, j’ai un taux de triglycérides qui dépasse le seuil maximum « autorisé » si je ne surveille pas mon alimentation.

    Et la maladie de Parkinson ne ralentit pas que les mouvements mais aussi le transit.

    Du coup, j’ai opté pour une alimentation la moins industrielle possible !
    Je veux maîtriser ainsi, la quantité des sucres et de sel que je mange (sans compter les conservateurs ajoutés….).
    Je cuisine donc mes légumes frais, accompagnés d’un peu de protéines végétales ou animales, un peu de fromage (c’est mon péché mignon!), un laitage et/ou un fruit.
    Je mange le moins possible de sucres raffinés, c’est-à-dire peu ou pas de biscuits ou gâteaux, ni chocolat (dont je raffole mais sur le lequel je ne me contrôle pas si je commence à en manger).
    Exit les produits tout faits !
    Bref, je prends le temps de me faire à manger et je marche un peu tous les jours. Tout ça, dans le seul but de favoriser mon transit sans trop d’effort.

    Et vous ? Votre régime alimentaire vous convient-il ? Partagez vos expériences.

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